Réponse : et bien oui !
Halte aux faux semblants ! Je viens devant vous rétablir quelques vérités et en formuler de nouvelles.
Le monde peut se diviser, en première approximation, en 3 catégories (je vous fais grâce des sous-catégories bien qu'il y aurait beaucoup à dire sur elles)
1/ Les "je m'en foutiste" de la table.
Vous noterez que je ne fais pas référence à celles (rares dans notre art) et ceux (moins rares, de fait) qui ne disposent pas des décors adéquates, qui le regrettent amèrement et qui ont juré avec leur sang qu'ils se doteront sous peu du matériel nécessaire afin de jouer dignement. (le temps, la place et l'argent fussent-ils au rendez-vous dans cet ordre ou un autre).
Je m'adresse ici à cette catégorie, bien documentée, des joueurs qui ne sont pas sensibles à la beauté de la table. Pour eux, c'est le jeu et d'abord le jeu. Loin de moi l'idée de les juger (mais en ce qui me concerne je ne serais pas tranquille lors de l'inévitable rencontre avec mon créateur. Ils devront rendre des comptes).
Pour ces gens, une boite en carton est une maison, et la nappe de tante Simone un champ de bataille. Même si je sens d'ici l'agréable odeur la madeleine, j'hume également celle de l'imposture. La guerre c'est aussi un art; et l'art c'est une esthétique.
Les esthètes du beau.
Plus jeune, j'étais fasciné par les belles tables de jeux avec du relief, des belles maisons médiévales, des collines, des forêts luxuriantes où grouillerait toute la vermine du vieux monde.
Je garde en mémoire l'émouvant souvenir du Livre de Bataille V5 où les frères Perry posaient fièrement autour d'une table magnifique. Des dénivelés, des rivières qui serpentaient, des coins et recoins où l'imagination couvait les exploits d’héroïques guerriers.
J'applaudissais alors de mes deux mains, comme d'autres alors. Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, je me rendis bientôt compte de l'imposture.
Les collines abruptes ? Injouable ! Les socles vacillent, les figurines tombent (et je ne mentionne même pas les "Bon, j'avance cette unité car là sinon elle est en équilibre précaire et elle risque de tomber...)
Les belles maisons médiévales ? Injouable ! "Alors là il y a 5 arquebusiers au rez de chaussé et 8 à l'étage mais en fait je les mets sur l'étagère derrière moi car ils ne tiennent pas sur le toit, sauf celui qui est sur la cheminée". Charmant. Cela va sans dire que le pauvre arquebusier est allé joué au père Noël au bout de 3 minutes et que ses camarades ont été oubliés sur l'étagère de derrière. ("Ah mince, je les ai oubliés dans le tour précédent, du coup je peux quand même les faire tirer...?")
Les belles forêt ? Je me gausse ! Leur fonction principale semble être d'embêter quiconque aurait l'idée saugrenue d'y pénétrer. Inutile d'y placer des tirailleurs, encore moins un régiment. Ca ne rentre pas. Et quand, par bonheur, le régiment est placé, ne vous essayé pas à l'y déplacer, c'est peine perdue. Ca tombe, ça prend du temps, il faut les replacer, "ah M**** la bannière s'est cassé", et patati et patata. quel temps perdu ! Déjà qu'il n'est pas simple de bloquer ne serait-ce que 2 heures dans la journée bien remplie d'un Gentleman, si c'est pour passer 60% de ce temps à déplacer ses troupes... oubliez !
Je me ferai un plaisir de terminer cet article plus tard. Là maintenant j'ai la petite qui se réveille !
El Christo